
Texte de Mireille Renaud
2020… Quoi dire de plus !!!
Le confinement a été vécu différemment pour tous. Certains avaient besoin de ce temps d’arrêt pour reprendre leur souffle, pour prendre du recul et des vacances de leur travail. Pour d’autres, c’était le début d’une nouvelle vie, plus relaxe et moins stressante. Et il y en a, comme moi, qui ont perdu tous leurs repères d’un coup.
Je ne sais pas pour vous, mais avec des enfants et avec la vie effrénée qu’on mène, une routine est essentielle. J’avais perdu mon essentiel. Deux enfants à l’école, qui est fermée, un travail que je ne peux pas laisser, car je suis éducatrice en CPE (donc service de garde d’urgence) et un mari qui travaille 40 heures dans un magasin de grande surface. Je ne pouvais pas m’effondrer, me mettre en boule sous une couverture et écouter Netflix toute la journée. JE NE POUVAIS PAS, car la population avait besoin de nos services et je trouvais ça difficile d’être essentiel! Pour nous aussi, ce n’était pas l’envie qui manquait de rester à la maison en famille.
Durant les premiers jours, j’apprenais à respirer différemment, à organiser mes journées différemment, à vivre différemment. Mes enfants étaient en vacances, elles voyaient cela comme une deuxième semaine de relâche, qu’elles avaient eue 4 jours auparavant. Malheureusement, ce n’était pas le cas pour moi. L’angoisse est arrivée dans ma vie, sans crier gare, sans s’annoncer, mais surtout sans se présenter. Au diable les préliminaires, il s’en va directement au cœur de mon être. Mais quel est ce sentiment dégueulasse, incontrôlable et surtout imprévisible. Première fois que je traverse ce genre d’épreuve. Je ne suis pas outillée ni même préparée. Rien n’aidait mon sort.
J’ai vécu une angoisse immense, car mes parents étaient en voyage durant 2 semaines, en République dominicaine. Ils ont eu du mal à devancer leur retour, mais par chance ils ont eu les deux dernières places dans l’avion. Je sais que plusieurs comme moi ont vécu cette peur de ne pas savoir s’il reverrait leurs familles… quel sentiment épouvantable… Nous avons pu les retrouver en santé et en sécurité après leurs deux semaines de confinement exigées. Ouf! Je respirais un peu mieux.
Ensuite, la pression de continuer d’instruire mes filles s’est installée au bout de la 2e semaine. Je n’ai pas les capacités ni les études pour faire ça. Je me suis battue corps et âme, surtout avec ma plus vieille qui est en 2e année du primaire. Elle a un trouble de l’opposition et pour elle les devoirs étaient un calvaire, et ce, même avant la pandémie. Une fois cette routine établie, j’ai réussi à survivre et ma respiration était moins saccadée.
De plus, mon mari revenait de son travail complètement épuisé et exténué. C’est bien normal vu toutes les nouvelles mesures mises en place qui changeaient plusieurs fois dans la même journée. Sans parler des clients qui l’engueulaient et la pression de ses supérieurs. Il a même vécu des malaises en portant le masque puisqu’il avait de la difficulté à bien respirer. Bref, il revenait et s’endormait quasi instantanément pour se relever seulement le lendemain pour repartir au travail. Mes filles et moi en avons beaucoup souffert, car nous ne le voyions plus ou pratiquement plus. Nous avons appris à faire que l’essentiel, sans flafla juste nous 4 soit dans le salon devant des films ou dans la piscine. Ralentir en famille me faisait du bien.
J’ai appris à vivre le moment présent et non d’appréhender ce qui arrivera dans les heures ou dans les jours suivants.
Dans un autre ordre d’idée, comme j’adore entreprendre des projets, je suis une fille qui va bien quand ça bouge. J’ai donc entrepris de refaire mon aménagement extérieur au complet. Niveler mon terrain avant et arrière, semer du nouveau gazon, passer un système d’irrigation en avant, faire ma plate-bande arrière, faire un chemin en pavé uni, construire un bac à jardin et pourquoi ne pas me construire un banc en « L » autour de mon feu extérieur ! Je me suis surprise à adorer construire et travailler de mes mains, parce que oui nous avons tout fait ça nous même (plus moi que mon mari). J’en suis sortie essoufflée et exténuée. J’ai donc appris qu’un projet à la fois sera suffisant à l’avenir.
Bref, durant cette période de nos vies, j’ai appris à vivre avec l’angoisse, mais j’ai surtout appris sur moi, sur mes limites et sur mes capacités. J’ai demandé à mes filles la semaine dernière ce qu’elles avaient retenu de la pandémie. À mon grand étonnement, elles ont adoré nos sorties en vélo, en patin à roulettes, nos après-midi dans la piscine, d’avoir découvert en famille toute la série des Marvels, de nous avoir aidés à construire avec de vrais outils. Finalement, ma job de parent a été accompli malgré ma fragilité et mes filles en gardent que de bons souvenirs. Il faut apprendre à se faire confiance et à exprimer à nos enfants nos limites, nos forces et nos faiblesses. Je crois qu’ils comprennent plus que nous le pensons.
Bon été à tous !
Rédaction : collaboratrice Mireille Renaud